L’informatique durable, ou Green IT, représente une approche responsable des technologies numériques face aux défis environnementaux actuels.
Entre optimisation énergétique des data centers et écoconception des services numériques, le Green IT transforme notre rapport à la technologie.
Explorons ensemble les principes, les pratiques et les enjeux de cette démarche essentielle pour un numérique plus respectueux de l’environnement.
Les fondements du Green IT : définition et objectifs
En tant qu’approche innovante en matière informatique, le green IT s’appuie sur une série de principes fondamentaux dont 4 sont essentiels :
Énoncé du principe | Contenu du principe |
---|---|
Lutter contre l’obsolescence des appareils | Éviter dans la conception, les techniques qui visent à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit pour favoriser l’achat des modèles récents |
Prolonger la durée de vie des appareils | Opter pour des mécanismes qui permettent de repousser la fabrication des nouveaux appareils au maximum |
Opter pour la sobriété fonctionnelle des appareils | Limiter l’appareil aux fonctionnalités utiles au consommateur final |
Appliquer la règle des 5R | Refuser d’acheter des appareils inutiles ; Réduire l’usage des équipements et limiter les volumes de données ; Réparer et réutiliser les appareils encore fonctionnels ; Recycler les composants des appareils usés |

Dans l’ensemble, les principes du green IT touchent aussi bien le développement, la fabrication, l’utilisation que la fin de vie des consommables informatiques.
C’est une approche qui permet aux entreprises de présenter patte blanche en matière d’empreinte écologique.

Green For IT et IT For Green : les deux piliers de l'informatique durable
En matière d’informatique durable, deux concepts constituent les piliers incontournables, celui de Green for IT (le vert pour l’informatique) et celui de IT for Green (informatique pour le vert).
Le Green for IT renvoie à une démarche d’amélioration continue visant à réduire l’impact écologique, économique et social des TIC. Véritable périmètre de base, le green for IT porte sur les logiciels, processus et matériels facilitant la réduction de l’effet de l’informatique sur la planète.
Green for IT et IT for Green sont indissociables pour une informatique durable.
Il s’agit de tout ce que les entreprises peuvent opter en termes de démarche écoresponsable pour faire des économies d’énergie et de gestion de déchets.
L’IT for green quant à elle correspond au deuxième périmètre du numérique responsable. Dans cette démarche il s’agit d’aller plus loin en utilisant les TIC dans l’objectif de réduire l’empreinte carbone. On transforme le fonctionnement de la société avec en ligne de mire la diminution considérable des gaz à effet de serre.
Pour l’atteinte des objectifs de l’informatique durable, ces deux démarches sont complémentaires.

L'impact environnemental du numérique : état des lieux
Le concept de Green IT représente plus qu’une nécessité dans le contexte actuel. À en croire certains chiffres liés à l’impact environnemental de l’informatique issus des études de GreenIT.fr, l’heure est à l’action. En effet :
- Entre 2005 et 2025, le poids des logiciels informatiques a été multiplié par 171 pour des usages identiques ;
- Le secteur numérique à lui seul produit 4% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial ;
- En France, le numérique va représenter 7% d’émission de GES à l’horizon 2040 répartis entre l’infrastructure, les réseaux et les data centers ;
- 88% d’utilisateurs changent leur smartphone alors que celui-ci fonctionne encore ;
- De 2019 à 2024, le volume de déchets électroniques a connu une augmentation de 21% ;
- 170 000 tonnes d’équipements électriques et électroniques (l’équivalent de 17 tours Eiffel) sont mises sur le marché français chaque année ;
- Un foyer français, tout comme un foyer américain consomme en moyenne 4 128 Go de données par an ;
- Pour produire une puce de 2 grammes, il faut 32 kg de matières premières, etc.
Ces constats et bien d’autres exigent de toutes les parties prenantes du numérique un engagement véritable en faveur de la planète.

Les bonnes pratiques de l'informatique durable
Pour faire du Green IT en 2025, il existe plusieurs actions concrètes que vous pouvez mettre sur pied en entreprises et dans votre cadre personnel. Pensez aux actions suivantes :
- Opter pour des achats responsables (matériels reconditionnés, énergie renouvelable comme source d’alimentation…) ;
- Maximiser la durée de vie (tri et réparation) des consommables informatique ;
- Mettre sur pied en entreprise une stratégie et un département Green IT avec un budget ;
- Privilégier un hébergement vert et partager les serveurs ;
- Utiliser des moteurs de recherche écologiques ;
- Améliorer les équipements au lieu de les remplacer ;
- Limiter le nombre de terminaux et logiciels et assurer une bonne maintenance ;
- Mettre en place des dossiers de partage et rationnaliser l’usage des mails ;
- Actionner les dispositifs d’économie d’énergie lorsqu’ils sont disponibles ;
- Adapter la dimension du réseau de communication aux besoins réels, etc.

L'écoconception des services numériques
Instaurée en 2002 par la norme ISO/TR 14062, l’éco-conception vise l’intégration des aspects environnementaux dans la conception et le développement de produits.
L’éco-conception intègre les enjeux environnementaux dès la conception des produits.
Elle suit tout le cycle de vie du produit (extraction, fabrication, distribution, utilisation, fin de vie, transport pour acheminement) et s’appuie sur 3 grands principes qui se déclinent comme suit :
Principe de l’éco conception | Déclinaison du principe |
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Analyse du cycle de vie (ACV) des solutions informatiques | Procéder à l’évaluation en amont de l’impact environnemental du produit ou service informatique à chaque étape de son cycle de vie |
Réduction de l’impact environnemental dès la conception | Optimiser les procédés de fabrication (moins d’énergie et de rejets) ; Utiliser les matériaux recyclables ; Minimiser l’utilisation des emballages |
Priorisation des matériaux durables et recyclables | Choisir des matériaux à faible impact environnement issus de sources renouvelables (plastiques recyclés, biomatériaux…) |

L’observation de ces principes permet de mettre sur pied des services et produits informatiques respectueux des exigences de développement durable.

L'optimisation des data centers
Pour héberger leurs sites, stocker des masses de données, et les services de cloud computing, les entreprises font appel aux data centers.
Externes ou internes, les centres de données sont des sources importantes de pollution environnementale (0,3% d’émission de GES au plan mondial). Pour passer aux data centers éco responsables, voici quelques pistes à envisager :
- Relocaliser les petits data centers vers les plus importants pour limiter les consommations d’énergie ;
- Utiliser l’intelligence artificielle pour gérer les ressources de votre data center ;
- Opter pour des serveurs virtuels (à la place des serveurs classiques) qui fonctionnent que lorsqu’on les utilise ;
- Privilégier les énergies renouvelables (éolienne, solaire, hydraulique) pour alimenter votre data center ;
- Récupérer la chaleur dégagée par les data center pour réchauffer les bâtiments ;
- Utiliser les méthodes alternatives pour refroidir le data center (free cooling, couloir froid, immersion dans un liquide non conducteur) …

Le cycle de vie du matériel informatique
Pour optimiser leur efficacité environnementale, les entreprises doivent maîtriser le cycle de vie de leurs matériels informatiques.
Une gestion écoresponsable d’un parc informatique passe par plusieurs actions dont la première est le calcul du bilan carbone de ce dernier en vérifiant les aspects comme l’utilisation des équipements périphériques, la fabrication et assemblage des composants, le fonctionnement opérationnel, l’installation et le recyclage des équipements.
Par la suite, il faut avoir la main mise sur le reste du cycle de vie des équipements numériques. À défaut de louer vos équipements, ceux que vous possédez doivent être réparés et non jetés en cas de panne ou de casse.
Mettez en pratique des gestes utiles (diminuer la luminosité des écrans, limiter les impressions, visioconférences, débrancher les chargeurs et appareils non utilisés, optimiser son site, opter pour le cloud…). En fin de vie, vos appareils doivent être reconditionnés et revendus aux particuliers pour éviter d’être stockés.
La sensibilisation des collaborateurs à la gestion écoresponsable des équipements s’impose.
Les acteurs du Green IT et leurs initiatives
Le mouvement du Green IT concerne plusieurs acteurs à la fois.
En faveur de la planète, l’adoption des pratiques durables numériques s’impose aux particuliers, aux entreprises et aux organisations spécialisées.
Pour les entreprises et les particuliers qui consomment les solutions informatiques, de nombreuses initiatives permettent de s’inscrire dans la démarche du Green IT.
L’adoption du numérique durable concerne particuliers, entreprises et organisations spécialisées.
On peut citer entre autres le choix des serveurs virtuels et le recyclage de la chaleur des serveurs classiques, l’hébergement vert, le passage des sites web au vert, la formation des collaborateurs aux bonnes pratiques, la maintenance des logiciels, etc.
Pour les fournisseurs de solutions informatiques, le maître mot reste l’écoconception. En plus du choix des matériaux 100% recyclables, ils optimisent au mieux leurs techniques de fabrication, favorisent des circuits de distribution courts, limitent les fonctions et la production des déchets. Les géants du numérique (Google, Facebook, Microsoft, Amazon, Apple) disposent des data centers géants.
Les autres acteurs que sont les gouvernements et les organismes de certifications se chargent des politiques et de la normalisation des démarches du Green IT.

Les certifications et normes du Green IT
Face aux exigences contemporaines, les exigences en matière de protection environnementale sont en mutation en permanence.
Il existe ainsi une diversité d’écolabels, ces indicateurs qui permettent de savoir si un produit IT présente un impact environnemental réduit. Citons par exemple :
- Le label TCO qui concerne les ordinateurs, écrans, imprimantes en matière de respect des critères de santé, qualité (luminosité, qualité de l’image), et d’environnement
- Le Blue Angel, la plus ancienne certification écologique en matière numérique créée en Allemagne
- Nordic Swan, qui dans les pays nordiques, définit des critères liés aux enjeux environnementaux des produits IT ;
- L’Écolabel Européen, créé en 1992 par la Commission européenne qui promeut les produits respectueux de l’environnement et de la santé ;
- Le Cradle to Cradle et le label NF Environnement ;
Les innovations technologiques au service de l'informatique durable
L’industrie numérique doit participer activement au mouvement Green IT. Plusieurs innovations technologiques sont ainsi à saluer et d’autres démarches à encourager :
Action ou innovation pour l’informatique durable | Description |
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L’intelligence artificielle | L’intégration de l’IA dans le numérique permet de créer notamment des espaces virtuels, l’optimisation des processus industriels |
Le cloud computing et la virtualisation | Limite le stockage des données de manière locale et le nombre d’équipements nécessaires |
Design écoresponsable des applications et sites | L’optimisation des codes, la réduction de la consommation de ressources favorisent un développement web écoresponsable |
L’optimisation des performances des produits IT | Rendre les sites web moins lourds, compresser les fichiers, minimiser les scripts, utiliser des technologies sobres |
Le green coding (codage vert) | Choisir des langages de programmation peu énergivores, limiter les codes redondants et la consommation des données |
L’optimisation des data centers | Mettre en veille les serveurs non utilisés et les partager |

Autant d’innovations et de solutions qui accélèrent les processus vers le Green IT.
